http://www.nytimes.com/2010/05/13/books/13book.html
Cet article à propos du livre de Jonathan Alter nous permet d’entrer dans le mécanisme de décision de Barack Obama. Si les décisions évoquées ici sont de fait différentes de celles rencontrées en entreprise, elles n’en restent pas moins intéressantes pour qui souhaite développer son intelligence de la décision. Deux d’entre elles ont retenu notre attention.
Multiplier les canaux de remontée de l’information est de la responsabilité du décideur
La première concerne la volonté des conseillers d’Obama à la Maison Blanche de rapidement supprimer les mails de ses amis et collègues, et de se limiter à une communication avec un cercle restreint de 25 ou 30 personnes sur son Blackberry, en vue probablement d’une plus grande efficacité dans la prise de décision.
Si Obama a sans doute bénéficié d’informations synthétiques et savamment triées par ses « experts » pour prendre ses décisions, il a cependant rapidement été privé des « back-channel emails », ce que l’on pourrait traduire par une communication plus informelle qui circule en parallèle ou parfois devance les communications et informations « officielles ».
Or, le dirigeant, asseyant ses décisions sur des informations triées par d’autres, intègre à son insu les choix de ces derniers. En entreprise, nous connaissons (avons connu) des PDG qui déjeunent à la cantine avec des collaborateurs rencontrés sur place, ou d’autres qui répondent aux sollicitations de clients qui les contactent sur Linkedin. Quels avantages trouvent-ils dans ces rencontres informelles? Sans aucun doute celui de finalement gagner du temps, en disposant d’informations « brutes », non filtrées, proches du terrain, de nature à alimenter leurs décisions.
Multiplier les canaux de l’information reste un défi pour les dirigeants. Une démarche possible : aller à la rencontre des informations, des clients, des collaborateurs, en un mot, solliciter les parties prenantes.
Faire émerger des décisions fortes inscrites dans une vision commune
Une autre décision d’Obama intéressante à observer pour les dirigeants est celle de lancer un système de Healthcare accessible à tous, y compris aux plus pauvres (ObamaCare). Il est frappant d’observer que, bien que cette décision ne fût pas placée très haut sur la ‘to-do’ liste initiale de Barack Obama, elle a été mise en place prioritairement dès 2010, et restera un marqueur de l’action du président démocrate.
Cette émergence au premier plan d’une décision initialement non prioritaire serait-elle le résultat d’une improvisation ou d’une réflexion tardive sur sa mission ? J.Alter nous indique qu’Obama a souhaité répondre à la question suivante : « What’s the single achievement that would most help average Americans ». Cette décision présidentielle concernant l’ObamaCare, considérée comme un suicide politique par ses conseilleurs, s’inscrit en réalité dans une vision très claire, évoquée d’ailleurs dans son discours d’investiture.
En entreprise, c’est également cette vision qui permet aux décideurs de prendre des décisions comprises et appropriées par les collaborateurs. La vision sera la colonne vertébrale, non pour encadrer/restreindre, mais bien pour ouvrir un champ des possibles très large dans lequel faire prospérer ses décisions face aux aléas du réel.
Si le dirigeant sait partager cette vision, les décisions de ses collaborateurs, même très autonomes, contribueront également à sa mise en œuvre, « comme un seul homme ».