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Un proviseur en pleine capacité de décision

Décider, ça se travaille !

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/fait-divers/fusillade-a-grasse-herve-pizzinat-le-proviseur-qui-a-permis-d-eviter-le-pire_1890078.html

Le proviseur du lycée Toqueville de Grasse a fait l’objet de nombreux commentaires élogieux suite à son intervention pour désamorcer la violence d’un des élèves du lycée.

Comment a-t-il donc su ajuster son comportement, afin de déstabiliser l’élève et probablement contribuer à la sortie de la crise ?

L’expérience au service de la qualité de la décision

Ses collègues identifient, à juste titre sans aucun doute, l’expérience. C’est en effet elle qui a très certainement permis au proviseur de disposer d’une intuition fiable, synthèse inconsciente des informations perçues par le corps, transformées en émotions, analysées par la rationalité.

Cette synthèse s’appuie aussi sur les décisions passées, et leur résultat sous forme de sanction/récompense, qui vont servir de référence pour la décision intuitive. Encore faut-il, pour que cette intuition soit pertinente, que le « référencement/stockage en mémoire » des décisions passées soit optimal. Pour ce faire, plusieurs conditions sont à remplir :

– un « apprentissage » suffisamment long assurera que le stock de décisions de référence est vaste : c’est la sagesse de l’expérience. Celle-ci ne se construit qu’avec les années, elle est l’apanage des cheveux blancs.

– un « apprentissage » de qualité assurera une forte pertinence de la sanction/récompense allouée à chaque décision : pour cela, si possible, le retour est rapide après la décision, afin d’assurer un meilleur stockage « décision-sanction/récompense » en mémoire ; mais aussi, un feedback dénué de tout ‘effet de cour’ qui altérerait la perception, par le décideur, de la qualité effective de sa décision.

La colonne vertébrale de nos décisions

Attardons-nous sur un autre élément indispensable à la qualité des décisions dans l’urgence, en ce qu’il assure l’alignement de ces décisions. Il s’agit de l’horizon. Il semble, si l’on en croit les extraits du ‘mot du proviseur’ lui-même, que M Pizzinat savait nommer, pour lui-même et pour les autres, le sens de sa propre mission (et celle du personnel d’éducation dans son ensemble).

http://www.ac-nice.fr/tocqueville/index.php/le-lycee/le-mot-du-proviseur

Ainsi, à l’heure de la décision dans l’urgence, il aura pu se reposer sur cette colonne vertébrale, claire à ses yeux, pour agir :

  • il s’est positionné en « balise » face à cet « élève [perdu] dans l’océan houleux de l’adolescence », pour tenter de l’aider à « éviter les récifs de l’incivilité [et] les abysses de la violence ».
  • Son comportement a assuré aux autres élèves, qu’ils pouvaient se reposer sur des adultes prêts, même en circonstances extrêmes, à les protéger : ce faisant il leur transmet la confiance qui leur permettra de « s’élancer, conquérant, vers le grand large : l’avenir ».

Décider, cela se travaille aussi !

Ariseal